Author: Adam Satariano and Elian Peltier / Source: New York Times

Sandra Laffont , une journaliste qui forme les adolescents à mieux discerner les fausses informations en ligne, dirigeait récemment un atelier au Collège Henri Barbusse, près de Lyon. Matthew Avignone pour The New York Times
VAULX-EN-VELIN, France — Ce mercredi-là au collège Henri Barbusse, près de Lyon, les adolescents de la 3ème G s’apprêtent à assister à un cours un peu particulier.
Au tableau sont affichés cinq tweets. La question posée aux élèves : lesquels sont fiables, lesquels sont suspects?
Rapidement, ils portent leur attention sur un tweet de la dirigeante politique d’extrême-droite Marine Le Pen, au sujet de menaces proférées par un adolescent à l’encontre d’un enseignant, incident largement relayé par la presse. Un élève avance que le tweet est sans doute authentique puisque le compte de Mme Le Pen est vérifié par Twitter. Mais pour Samia Houbiri, 15 ans, Mme Le Pen cherche simplement à attirer l’attention.
« Elle choisit un sujet, elle exagère les choses, et ensuite les gens disent ‘Elle a raison, je devrais voter pour elle’ », argumente Mlle Houbiri.
Face aux élèves, la journaliste Sandra Laffont, qui dirige la classe, approuve de la tête et ajoute: « “Les hommes et femmes politiques exagèrent parfois la réalité dans le but de convaincre l’opinion publique qu’ils ont raison ».
L’atelier s’inscrivait dans un programme expérimental du gouvernement visant, en concertation avec des journalistes et des enseignants, à contrer la propagation sur l’internet de fausses informations. La France mène actuellement l’une des plus actives campagnes d’éducation aux médias et à l’information dans le monde, et ce dès le collège, afin de fournir aux élèves les moyens de reconnaître les informations fallacieuses que l’on peut trouver en ligne.
Le budget gouvernemental consacré aux ateliers traitant des écueils de l’internet est en augmentation depuis 2015. Environ 15 000 enseignants bénéficient chaque année d’une formation publique à ce sujet. Et dans certains organismes de réinsertion, le versement d’aides sociales à de jeunes adultes, dont le revenu de solidarité active (RSA), est conditionné au suivi d’un cours d’éducation aux medias.
Le ministère de la Culture a doublé le budget annuel consacré à ce type de formation, le portant à 6 millions d’euros. Par ailleurs, le ministère de l’Éducation nationale a intégré un cours électif consacré à l’information dans les prochains programmes de lycée. Certains enseignants appellent à ce que le cours soit obligatoire au même titre que l’histoire et les mathématiques.
« Plus on commence tôt, mieux c’est », juge Serge Barbet, directeur délégué du Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI), qui coordonne les efforts du gouvernement. « C’est pour cela que nous militons pour davantage d’éducation aux médias ces dernières années. C’est devenu un besoin vital et une menace. »
La France a été parmi les premiers pays à reconnaître la nécessité d’une éducation aux médias et à l’internet. L’attentat contre Charlie Hebdo en 2015 avait mis en lumière une profonde méfiance ambiante à l’égard des médias ainsi qu’une vulnérabilité aux théories du complot circulant en ligne.
Les mesures apparaissent d’autant plus urgentes que les élections présidentielles américaines et françaises ont été l’objet de campagnes russes de désinformation, et que des théories du complot circulent au sujet des attentats de Paris et de Nice. Les récentes violentes manifestations en France contre les inégalités de revenus ont été coordonnées sur Facebook et d’autres réseaux sociaux, plateformes sur lesquelles des posts trompeurs ou des vidéos…
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